Dix-huit ans, pas trop con

Soumis par HashtagCeline le mar 31/01/2023 - 15:40

"Nous vois pas comme des paumés de la vie : on est des gars normaux, on a des familles bien. J'ai deux parents et trois frère et soeurs en or. Le pilon, c'est juste pour manger, mieux vivre."

#Beau&Court

Après Les flamboyants d'Hubert Ben Kemoun et Lettre à toi qui m’aimes de Julia Thévenot, Beau & court me confirme son statut de collection atypique et surprenante mais surtout me prouve qu’elle porte bien son nom.
Ici, Quentin Leseigneur dont c’est le premier roman (enfin techniquement, il en a autoédité un) pose un texte percutant, émouvant, sensible ( à plusieurs points de vue), réaliste et très actuel. Je ne pensais pas être autant bouleversée. Je ne pensais pas autant me laisser entraîner. Et pourtant…
Je vais tenter de vous expliquer le comment du pourquoi j’ai autant aimé Dix-huit ans, pas trop con.

#DeQuoiÇaParle?

Il est midi. Le narrateur, dont on ne connaîtra le prénom que tardivement, enfile une cagoule et va se poster dans l’escalier, entre les quatrième et cinquième étages d'un immeuble pour une activité peu recommandable mais rentable : le deal. De midi à minuit, il va nous décrire les allées et venues des clients, des habitués du quartier, tout en nous livrant des anecdotes sur sa vie. Se dessine ainsi, sous la cagoule, le portrait d’un jeune adulte avec une famille aimante, une relation amoureuse et des envies d’autre chose que ce business-là. Dix-huit ans, pas trop con mais une vie sur le fil, à jouer avec le feu. 

#LeRainté

Ce que j’ai aimé tout de suite, c’est le côté : suivez-moi et entrez dans mon monde. Le narration est à la première personne et nous donne l’impression que l’on suit un reportage. J’ai rarement eu ce sentiment en lisant un roman, celui d’être sur les lieux, comme si j’avais les images qui défilaient devant mes yeux.
Ainsi, le héros livre son quotidien et nous implique dans les diverses tractations qui vont avoir lieu. Elles vont être nombreuses de midi à minuit. Les clients défilent et l’argent circule. Durant ces douze heures, la "normalité" (le narrateur a l’habitude de faire ce qu’il fait, ça fait longtemps) se mêle au danger (une mission inédite va lui être confiée).
C’est à la fois passionnant et terrifiant. Un plaisir coupable.
Petit à petit, de façon incontrôlable, une complicité s’installe avec notre héros anonyme (qui l’est de moins en moins, il nous délivre beaucoup d’informations) et on met les pieds dans un monde aux codes bien définis. L’auteur, utilisant un vocabulaire caractéristique immersif, nous plonge dans l’univers du deal et de ceux qui le supervisent. On comprend le fonctionnement, les rouages, le pourquoi du comment on rentre dans le système. On approche le quotidien des jeunes de banlieue, même si ce n’en est qu’une vision partielle. C’est un sujet dont, je trouve, il n’est pas évident de parler. Ici, l’auteur a choisi de nous montrer une certaine réalité mettant en scène un personnage qui, même s' il vend de la drogue et que, on est d’accord, ça n’est pas louable, n’est pas totalement paumé. Il semble assez lucide. Ce qu’il fait de midi à minuit est un moyen de gagner sa vie. Et puis, il compte bien arrêté à un moment donné. 
Ce sujet est délicat donc. Quentin Leseigneur aurait pu s’y fracasser. Mais non, il le traite avec justesse et intelligence. 
Et il ne nous épargne pas la noirceur non plus. Car tout cela n’est finalement pas très reluisant. Le héros a beau garder une certaine distance, avoir en quelque sorte la tête sur les épaules, nous parler de ses potes, de son histoire d’amour, des habitués, derrière tout ça, on sent la pression d’un système, la détresse ambiante, la fragilité de l’ensemble et l’imprévisible. Et puis, le danger. Celui de se faire prendre, celui que la famille l’apprenne, celui de ce système qui peut te briser.
Mais la journée doit se faire, le temps passe et la tension monte. Je ne vous dirai pas de quoi il retourne ni comment ce midi-minuit va s’achever. Bien évidemment. Je ne veux pas non plus trop vous en dire. Il est beau ce texte mais il aussi court et il faut que je vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-mêmes.
Ce que je peux vous dire, c’est que ce texte ne pourra pas vous laisser indifférent.
Moi, je l’ai refermé avec émotion. Et je ne m’en suis pas encore remis au moment où j’écris cette chronique.

C'est un coup de coeur et je ne peux que vous inviter à le lire.
Pour ma part, j'attends avec impatience le prochain titre de cet auteur que je vais suivre de près.

#PourQui?

Pour ceux et celles qui veulent un roman beau et court.
Pour ceux et celles qui aiment les héros qui naviguent en eaux troubles.
Pour ceux et celles qui aiment les histoires ancrées dans l’actualité.
Pour ceux et celles qui aiment les romans percutants et réalistes.

Pour tous et toutes à partir de 14-15 ans.
 

Coup de cœur !
Collection
Editeur
Public
Date de sortie
Nombre de pages
160
Prix
12.89 €
Langue
Français
Image
Dix-huit ans, pas trop con

#VosCommentaires

#OnContinue ?

Par le feu
"Ne sors pas de la Base. Ne parle pas aux Etrangers. Ne pense pas. Obéis. Car le Seigneur est Bon."
#parlefeu, #willhill, #casterman, #afterthefire
En plein vol
"Au mauvais endroit au mauvais moment"? Ca me semble un bon résumé de sa vie. Jules est comme ces oiseaux qui s'assomment contre des fenêtres qu'ils ont pris pour des morceaux de ciel. Fauchés. En…
#enpleinvol, #manonfargetton, #jeanchristophetixier, #rageot, #babelio
Les facétieuses Les facétieuses

“Il y a des idées parfois comme ça. Elles sont une évidence, même si on en sait pas tout de suite ce qu’on va en faire.
Ni ce qu’elles vont faire de nous.”


#lesfacetieuses, #clementinebeauvais, #sarbacane, #exprim
Strong girls forever
"Missions perso : 1°) M'assurer que personne au lycée ne découvre vous-savez-quoi. 2°) Commencer à vivre normalement et à rattraper tout ce que j'ai raté ces trois dernières années."
#stronggirlsforever, #sgf, #hollybourne, #nathan, #lireenlive
Rosalie Rosalie

“Les jours de mistral, les voiles se gonflent et claquent au vent. Maman tient bon la barre pour lutter contre le courant. C’est qu’elle est forte maman, c’est une vraie pirate, elle ne se…
#rosalie, #ninondufrenois, #julienmartiniere, #ginko, #voceverso

Gazelle Punch Gazelle Punch

"Elle répète, narquoise :

- Allez, viens !

J'y comprends rien. Elle veut vraiment qu'on démarre un combat, là, tout de suite ?


#gazellepunch, #nancyguilbert, #slalom
Et c'est comme ça qu'on a décidé de tuer mon oncle
"Je ne suis pas un menteur. Même que j'ai dix millions de dollars, pour de vrai. En plus, elle m'a jeté le sel dessus, dit-il en désignant une bosse violacée sur son front. Et elle a dit qu'elle me…
#etcestcommecaquonadecidedetuermononcle, #rohanogrady, #monsieurtoussaintlouverture
Intérieur Y a pas que la vie

"Il aurait voulu la réveiller et se confier, parler de cette rencontre et des jours d’après. Elle aurait compris, à défaut de pardonner. Sûr, elle aurait compris jusqu’aux silences, parce qu’ils…
#yapasquelavie, #estellebillonspagnol, #exprim, #sarbacane

On est tous faits de molécules
On est tous faits de molécules est le quatrième roman de la Canadienne Susin Nielsen. Comme les précédents, ce texte allie remarquablement humour et sérieux. Avec son style inimitable, Susin Nielsen…
#difference, #humour, #famille, #deuil
Hugo de la nuit
« - Vous vous êtes fait mal, maman ? - Oui ! C’est affreux ! C’est piquant ! C’est glacé ! C’est brûlant ! - C’est la vie ! répliqua son fils d’un ton fataliste et subtilement satisfait. »
#fantome, #esprit, #aventure, #hugodelanuit, #bertrandsantini, #grassetjeunesse